Vivant dans un petit village côtier, Wakae, une jeune fille de quinze ans, travaille dans un bar comme hôtesse. Sa mère est morte et son père, alcoolique et pauvre, vit avec une nouvelle femme. Alors qu’elle vient de voler une paire de chaussures elle rencontre Saburo qu’elle n’avait pas vu depuis longtemps et qui tente de l’aider. Mais les circonstances les sépareront. Le film a reçu la médaille d'or du festival de Moscou en 1963.

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Critiques (3)

  • Télérama - Samuel Douhaire: Une jeune fille à la dérive
    "La nouvelle vague japonaise cachait donc une perle, qu'on découvre enfin en France, quarante-six ans après sa réalisation par le méconnu Kiriro Urayama (1930-1985). Si les formalistes et très politiques Oshima et Yoshida peuvent prétendre au titre de Godard nippons, Urayama, plus classique dans sa mise en scène comme dans son récit, se révèle proche de Truffaut.
    Une jeune fille à la dérive pourrait être le remake à peine déguisé des Quatre Cents Coups, histoire d'amour et goût du mélo en prime. Les deux films racontent la difficulté des adolescents à trouver une place dans une société qui, au mieux, les bride, au pire les rejette. Wakae est la sœur d'infortune d'Antoine Doinel, victime comme lui du manque d'amour maternel et des défaillances paternelles, et poussée à des petits vols qui lui coûteront cher.
    L'étonnante Masako Izumi fait corps avec son personnage : par un regard soudain plus doux, un sourire qui illumine son visage buté ou un geste d'une timidité adorable, elle incarne en une seule scène et avec la même puissance la sauvageonne presque femme et la petite fille encore fragile. Comme Truffaut avait filmé l'éclosion de Jean-Pierre Lé­aud, Urayama enregistre la nais­­sance d'une grande actrice. Et c'est magnifique."
  • Studio Ciné Live - Thomas Baurez: Une jeune fille à la dérive
    " (...) La jeune fille à la dérive (1964) est un film magnifique sur une jeunesse perdue dans un Japon déboussolé. En 1960, la capitulation du pays face aux États-Unis, quinze ans plus tôt, a plongé ses habitants dans une crise identitaire. 15 ans, c'est justement l'âge de cette jeune fille à la dérive, enfant de la défaite d'un peuple et de sa famille, du moins ce qu'il en reste. Dans le village côtier où elle habite, on la fait boire, on reluque son joli minois et on la jette comme une boule de suif. Saburo, le même âge, issu d'un milieu plus notable, la regarde avec les yeux de l'amour. Les deux amants, prisonniers des conventions sociales, vont voir leur passion contrariée. Le scénario traduit à merveille les circonvolutions de cette trajectoire. Les deux interprètes affichent une maturité impressionnante. Quant au faux happy-end bouleversant de renoncement, il illustre à merveille l'intelligence d'un film au diapason de son époque. Amis cinéphiles, pressez-vous dans les salles obscures."
  • Le Monde - Jean-François Rauger: Une jeune fille à la dérive
    "Le cinéma japonais est un continent qui n'a pas été totalement exploré. On peut ainsi découvrir un film et un cinéaste de plus. Kirio Urayama, auteur d'une oeuvre quantitativement modeste (moins d'une dizaine de longs métrages), est contemporain de ce que l'on a appelé la Nouvelle Vague japonaise (constituée de cinéastes comme Nagisa Oshima, Shohei Imamura ou Kiju Yoshida) sans que l'on puisse véritablement le rattacher au mouvement.
    Produit pour les studios Nikkatsu en 1963, Une jeune fille à la dérive, premier film du cinéaste distribué en France dans les salles de cinéma, semble se situer au carrefour de différentes traditions de l'histoire du cinéma nippon : modernité rebelle, mélodrame classique, chronique sociale engagée. Cette dernière qualité caractérisa d'ailleurs tout un courant dans les années 1950. C'est d'abord, en Cinémascope et en noir et blanc, un beau, précis et attachant portrait de femme. (...)
    Le film de Kirio Urayama se distingue essentiellement par la sensibilité avec laquelle il dépeint des personnages en marge de l'ordre social, réfractaires au salariat et aux prescriptions de la société. Mais la révolte de Wakae et, plus subtilement, celle de Saburo sont constamment mises en cause par une forme de surmoi, un quant-à-soi moral et finalement répressif qui, loin de protéger les protagonistes, intensifie leur douleur existentielle et contraint leur liberté d'agir. Le récit culmine dans une scène magnifique, dilatée, où les deux personnages principaux, en attente d'un train qui doit emmener Wakae à Osaka, s'avouent leur amour et leur tragique indécision : se retrouver ou se séparer.
    Cette incertitude s'avoue ici le moteur même de la scène et le principe secret d'un film où l'émotion n'exclut jamais une forme de rage politique et sociale."

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vos avis (1)

Mickael02 août 2020
La pleurnicherie de la fin est assez insupportable. Reste que le film met en valeur des marginaux, car ils ont droit au bonheur eux-aussi ! Belle pensée.