"Notre chouchou pour le prix d’interprétation du dernier Festival de Cannes, c’était elle : Kim Ok-vin, la révélation de Thirst, ceci est mon sang. Dans le film de Park Chan-Wook, récompensé par le prix du jury, l’actrice évolue sur un fil, en équilibre entre le tragique et le grotesque, l’érotisme et la farce. Elle incendie chaque plan. (...)
Pour mieux comprendre la folie destructrice de son personnage, Kim Ok-vin a visionné L’Histoire d’Adèle H. sur les conseils de Park Chan-Wook, réalisateur cinéphile, dont presque chaque plan réinvente celui d’un autre film. Ainsi habille-t-il Tae-ju d’une robe bleue, identique à celle que portait Isabelle Adjani dans Possession, la filme-t-il, languide, derrière la devanture colorée d’une boutique qui rappelle à s’y méprendre celle des Parapluies de Cherbourg... Succulents clins d’œil qui achèvent de nous faire succomber au charme de cet adorable succube."

" On savait le réalisateur survolté d'Old Boy (pour le meilleur) et de Je suis un cyborg (pour le pire) capable de toutes les excentricités narratives et formelles. Thirst pousse, une fois encore, le bouchon très loin avec un héros prêtre qui se fait inoculer un vaccin expérimental contre un virus mortel, succombe à la maladie puis ressuscite grâce à une transfusion miraculeuse qui le transforme en monstre assoiffé de sang et de sexe.
Au bout d'une demi-heure, le récit bifurque dans une direction encore plus inattendue : une adaptation fidèle de Thérèse Raquin : le curé désormais défroqué se glisse dans la peau d'un amant meurtrier, hanté par son crime. L'irruption de Zola dans le genre archi-codifié du film de vampires produit un cocktail étonnant, où le romantisme le dispute à l'ironie, la tragédie à l'humour noir, et la métaphysique au grand-guignol. Park Chan-wook agace parfois par sa virtuosité gratuite, mais parvient cette fois à ne pas tomber dans le n'importe-quoi. Il peut remercier son comédien fétiche Song Kang-ho, très convaincant en religieux tourmenté par le péché, et, surtout, son démon de charme, l'ex-top-modèle et sacrée actrice Kim Ok-vin. La vampirette la plus sensuelle de l'année, haut la main !"

"La force de Song Kang-ho réside dans son incroyable capacité à se fondre dans des rôles aussi différents que complexes. (...)
Thirst revisite avec un ton décalé le mythe du vampire. (...) Reste l’humour noir, la subversion et l’érotisme."

"Il faut avoir un certain goût de l’aventure pour se lancer dans le film de Park Chan-Wook. Il faut même adorer se paumer dans le burlesque tragique et givré de cette histoire (...). Pour le scénario, le cinéaste spécialiste de la rédemption (Old Boy, Lady Vengeance...), a suivi quasiment à la lettre l’intrigue de Thérèse Raquin de Zola. (...)
Avec cette férocité déconcertante qu’on lui connaissait auparavant, Park Chan-Wook ne mène jamais son affaire là où on peut l’attendre, jonglant entre fantastique grandiose, drame intimiste ou gore comique. Thirst menace parfois de laisser le spectateur au bord de sa route, au détour d’une fausse piste en forme de gag, avant de le récupérer in extremis. Au fil de plans parfois ahurissants, Park Chan-Wook n’aime rien autant que le fil du rasoir, et pas seulement pour trancher la gorge de ses personnages."