Lolita n’aime pas sourire. Kevin ne sait pas se vendre. Hamid n’aime pas les chefs. Thierry parle wesh. Ils ont vingt ans, sont sans diplôme et cherchent du travail. Pendant 6 mois, les coachs d’un cabinet de placement vont leur enseigner le comportement et le langage qu’il faut avoir pour décrocher un emploi. A travers cet apprentissage, le film révèle l’absurdité de ces nouvelles règles du jeu.
Réalisation : Claudine Bories
Réalisation : Patrice Chagnard
Scénario : Claudine Bories
Scénario : Patrice Chagnard
Producteur : Muriel Meynard
Producteur : Patrice Chagnard
Producteur : Fonds Images de la Diversité
Directeur de la photo : Patrice Chagnard
Montage : Stéphanie Goldschmidt
Son : Benjamin Van De Wiele
Co-producteur : Les Films du Parotier
- Date de sortie en salles : 07 janvier 2015
- Type de film : Long métrage
- Couleur : Couleur
- Langue : Anglais
- Date de production : 2014
- Pays de production : France
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Critiques (5)
- Télérama - Cécile Mury, 07/01/2015: Les Règles du jeu" Bienvenue chez Ingeus, cabinet de placement privé du nord de la France, qui aide les chômeurs dans leurs démarches. Ces consultants travaillent, entre autres, à « rééduquer » leurs clients. A les formater, à les rendre présentables, conformes. Parfaitement solubles dans un marché en crise. Pas de baskets (crime majeur), mais des sourires (indispensable !), des « qualités » personnelles et de la « motivation » en toutes circonstances, même pour servir les plats dans une cantine. De rendez-vous en simulations d'entretiens d'embauche, les documentaristes Claudine Bories et Patrice Chagnard ont suivi quatre de ces candidats à « l'employabilité » : néologisme à la mode (libérale), synonyme de flexibilité, de souplesse de l'emploi. Autrement dit, de précarité permanente...
Voici donc Lolita, Thierry, Hamid et Kevin, 20 ans et pas de job, embarqués dans cette drôle d'odyssée vers le CDD de leurs rêves, ou presque. On le sait depuis Les Arrivants, formidable documentaire sur les demandeurs d'asile, les deux cinéastes préfèrent la subtilité à la démonstration. Ils montrent, sur un ton à la fois allègre et amer, le fossé du langage et du milieu social, la vulnérabilité des êtres, dans une société qui demande toujours plus pour donner moins : savoir se vendre et se survendre, pour un contrat mal payé de trois mois, sous peine de couler à pic. Dans ce palpitant huis clos dans les bureaux du cabinet de placement, les employés d'Ingeus ne sont pas que des instruments au service du système. Ils font un vrai boulot social, patient, efficace. Face à eux, au gré d'un montage vif et tendu, les quatre jeunes chômeurs se rebiffent, s'accrochent ou pataugent. Ils crèvent l'écran, dans un formidable portrait choral, à la fois tonique et alarmant. "
- avoir-alire.com - Arthur Champilou, 06/01/2015: Les Règles du jeu" Après le remarquable Les Arrivants qui traitait de la demande d’asile, c’est avec un documentaire tout aussi passionnant et engagé que les réalisateurs Claudine Bories et Patrick Chagnard font leur retour sur les écrans français, avec cette fois-ci un film consacré à l’insertion professionnelle sur le marché du travail d’aujourd’hui. Pour ce faire, les caméras ont, durant six mois, suivi les coachs de la société Ingeus, chargés d’amener des jeunes souvent sans grands moyens, issus de milieux divers et variés, à trouver un emploi.
Ce qui fait la force de ce documentaire, c’est d’abord sa totale impartialité. L’on pourrait penser que l’objectif du duo Bories-Chagnard était de démontrer à quel point le système obéit à des règles absurdes – le débat sur ce sujet est très vaste – mais il n’en est rien. Au contraire, leur démarche s’attache à saisir la réalité pour la montrer telle qu’elle est, sans jamais juger ni rien ni personne, et laisser le spectateur conduire sa propre réflexion. S’il y a quarante ans il suffisait de demander du travail pour en obtenir un, Les Règles du Jeu révèle, de manière concrète et intelligible, que l’accès à l’emploi est aujourd’hui devenu un véritable parcours du combattant qui requiert une longue préparation physique et mental, car, si l’on constate que les jeunes ont un véritable appétit du travail, l’on constate également que le milieu professionnel a lui aussi ses règles propres, au-delà du Code du Travail imposé par le Gouvernement. Les séquences durant lesquelles les coachs et les candidats simulent des entretiens d’embauche sont la parfaite illustration de ce « code de l’entreprise moderne » qui veut que le demandeur d’emploi soit toujours bien habillé – baskets, casquettes et tenues pouvant être jugées trop décontractées par le patron sont donc à bannir – poli et souriant, qu’il parle un langage soutenu et que son discours soit clair et concis.
Aider leurs poulains à comprendre, assimiler et appliquer ces règles, telle est la mission des collaborateurs de la société Ingeus, depuis sa création. Ainsi, au-delà de sa dimension sociale, le film est empreint d’un très grand humanisme, en montrant tous ces jeunes face à leurs craintes, leurs doutes et en filmant surtout leur incroyable volonté de réussir à faire quelque chose de leur vie et à devenir des adultes responsables. En somme, Les Règles du Jeu est un excellent documentaire à mettre entre les mains de tous ceux qui cherchent et chercheront un emploi. " - Première - Isabelle Danel, 2015: Les Règles du jeu" Après la réussite des Arrivants, ce formidable documentaire explore un nouvel aspect du monde d’aujourd’hui. Des jeunes de 20 ans sans diplômes cherchant un emploi sont aidés par les coachs d’un cabinet de recrutement. Peut-on apprendre à parler, à se présenter et à communiquer son désir de travailler ? Ce parcours difficile entrepris par Kevin, Hamid et Lolita pour intégrer les nouvelles règles du marché dans une société de plus en plus meurtrière est le coeur de ce film aussi passionnant qu’un thriller. "
- Libération - Didier Péron: Les Règles du jeu" (...) Le film a quelque chose d’à la fois déprimant et fascinant, car s’y dépose, au fil des courtes séquences entre simulations d’entretien d’embauche, tête-à-tête restructurants avec le réfèrent autonomie, le quotidien de galère et d’absurdité de gens qui, pour la plupart sous-diplômés, se fracassent contre le mur statistique d’offres raréfiées de postes à pourvoir dans les secteurs des services, de l’industrie, de la vente où du bâtiment (...).
Changer de vêtements, de langage, de biographie, on comprend bien que la société repose sur des codes, dont les clés ou la grammaire sont entre les mains des décideurs et des dominants. Aussi, les candidats à l’emploi n’ont que leur accent, leur franchise et leur corps pour protester des cases où l’on veut les enfermer, en plus de devoir endurer une situation où ils peinent à obtenir une place dans une société libérale et compétitive carburant à fond à l’adaptabilité et à la soumission volontaire.
En face, les employés d’Ingeus, eux, ont un travail, ils conseillent, jugent, notent (le langage, l’hygiène, l’enthousiasme...) et c’est aussi une classe sociale intermédiaire étrange qu’on voit travailler à la normalisation de plus démunis qu’eux. Une zone d’échange et de friction entre le sous-prolétariat exploité et une petite bourgeoisie du tertiaire soumise à la pression des objectifs. On peut regretter d’ailleurs que le film finisse par trop se muer en portraits de quelques jeunes et délaisse le descriptif terrible d’une structure contemporaine, dont la bienveillance de principe ne suffit pas à masquer la vocation de fond à discipliner des agents économiques corvéables à merci et aisément jetables. "
- Marianne - Danièle Heymann: Les Règles du jeu" (...) C'est un documentaire qui fait à la fois froid dans le dos et chaud au cœur, une sidérante immersion dans le vécu sans horizon de quelques fantassins sans armes.
La probité du regard porté sur eux est sans faille, c'est celui de Claudine Bories et Patrice Chagnard. La vérité, l'humanité qui irrigue leur travail, cette capacité de rendre à des laissés-pour-compte de la modernité un statut de poignante visibilité, ils les avaient déjà fortement illustrées, il y a sept ans avec, les Arrivants. Il s'agissait alors de demandeurs d'asile, et, aujourd'hui, de demandeurs d'emploi. La langue française manquait aux premiers, le langage propice à l'embauche manque aux seconds. " Quelle est votre principale qualité ?" demande une intervenante. Un garçon répond : "Je suis spontané. - C'est-à-dire ? - J'arrive toujours à l'heure. - Vous voulez dire ponctuel ? "
Pétris de bonne volonté, de patience, et d'impuissance, les fonctionnaires du cabinet parlent " employabilité ", demandent aux mômes s'ils sont " job ready ". Ça les fait rire, et c'est vrai, c’est drôle.
Il y a une modeste star dans les Règles du jeu, une petite personne qui devient un grand personnage de cinéma, c'est Lolita, avec son prénom d’aguicheuse, son visage de bébé triste et ses petits piercings de rebelle au coin des lèvres. Elle veut travailler dans une cuisine collective. Elle dit qu’elle est " franche ", et que, parfois, elle " pète un câble ". La caméra est de plus en plus proche d’elle, de ses moindres sourires, et c'est beau comme un lever de soleil, quand Lolita trouve un travail. "
vos avis (2)
- Jérôme08 mai 2018Un documentaire sympathique qui laisse entrevoir le quotidien de jeunes chercheurs d'emploi placés au cœur d'un dispositif d'insertion professionnelle.
- 700000066912 septembre 2015Intéressant, mais pas d'une grande originalité, ni dans le traitement, ni dans le propos.