En 1999, l’Assemblée générale des Nations unies déclarait le 25 novembre «
Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes ». Une date symbolique choisie en mémoire des trois sœurs Mirabal, militantes dominicaines assassinées sur les ordres du chef de l'État et dictateur, Rafael Trujillo en 1960 (...)
«Nous voulions mettre l’accent sur le courage des femmes à combattre pour leurs droits, mais aussi montrer comment les violence s’organisent à leur encontre», explique Frédérique Menant, coauteur du documentaire. On estime que par exemple sur le continent africain, 125 millions de femmes vivent excisés. L’excision, une pratique qui vise à mutiler les parties génitales féminines. Sans aucune raison rationnelle. Une pratique dangereuse contre laquelle lutte désormais Kadidia Sidibé au Mali, en n’hésitant pas à interpeller les chefs de village et en cherchant à convaincre les femmes d’abandonner cette tradition. Kadidia Sidibé, une «insoumise», auquel le documentaire rend hommage à son travail patient.
Les Insoumises a demandé aux équipes près de deux ans et demi de préparation afin de chercher les femmes qui accepteraient de témoigner face à la caméra. Le documentaire d’Eric Guéret, réalisateur chevronné, et de Frédérique Menant puise sa richesse dans l’éventail des situations décrites sur plusieurs continents.
«Sur le choix des pays, c’était fondamental qu’il y ait la France. C’est très facile de dire que femmes opprimées ailleurs alors qu’ici tout va bien.» En France, pays où le meurtre d’une femme par son mari était «excusable» si elle avait été prise en flagrant délit d’adultère, jusqu’en 1975, année où l’article 324 du Code Pénal a été modifié.
Les Insoumises rappellent que les violences conjugales sont encore nombreuses dans le pays.
Prostitution forcée en Thaïlande, crime «d’honneur» en Turquie… Les équipes du documentaire se sont aussi rendues en Inde où 500.000 fœtus de filles sont avortés chaque année. «L’élimination des filles avant leur naissance a lieu aussi en Chine, mais c’est plus compliqué de tourner là-bas.»
Les Insoumises rappellent qu’en dépit d’une loi qui interdit depuis 1994 de dévoiler le sexe de l’enfant avant sa naissance, il s’est développé un commerce privé d’échographies autour de médecins peu scrupuleux.
Le point commun à toutes ces situations? Une libération de la parole, portée par ces cinq femmes exemplaires. «Comme cette violence touche souvent à l’intimité et au corps, il existe une honte liée à la violence subie, raconte Frédérique Menant. Parler permet de dénoncer, de dire que ce n’est pas normal.»