" Le musée d’Histoire de l’art de Vienne où Johannes Holzhausen balade sa caméra au fil d’un brillant docu est une vitrine à lui tout seul, une immense exposition monothématique déclinant sous d’innombrables avatars le motif de la grandeur. Couronnes et costumes, tableaux et artefacts divers et variés, tout chante une ode au prestige où s’étalent complaisamment les rêves de gloire de l’Autriche. Et comme toutes les institutions, ses rouages baignent dans l’huile d’une mécanique parfaitement rodée.
Mais Johannes Holzhausen sait que les institutions ne sont pas de froides pièces d’horlogerie, que ce sont des organismes vivants, des systèmes imparfaits, comme le corps humain, sujets à pathologies et dysfonctionnements. Il plane sur tout le film une atmosphère très Mitteleuropa, celle des romans de Sândor Mârai ou Joseph Roth, quelque chose de mélancolique, comme la prescience de la mort.
Le Grand Musée capte ces moments et ces situations où l ’ institution se retourne contre elle-même, où elle apparaît travaillée, minée de l’intérieur. Façon de nous rappeler qu’on est dans un musée - un lieu d’art. Et que ce dernier est par essence irréductible à toute récupération institutionnelle. Perturbateur. Subversif."