Mathieu est un passionné de jeux de rôles mettant en scène des batailles historiques. Il y consacre toute sa vie, au point de ne plus arriver à bien discerner jeu et réalité. À la demande de sa mère, Paul, son frère, va essayer de l'en sortir. Pour cela, il va devoir entrer à son tour dans le monde de fantasmes de son frère. Par l'auteur de la "Tourneuse de pages", un suspense hors-normes - En sélection officielle du Festival de Cannes 2009-Un certain regard.
Premier rôle : Vincent Perez
Premier rôle : Jérémie Renier
Second rôle : Aurélien Recoing
Second rôle : Anne Marivin
Second rôle : Gérald Laroche
Second rôle : Françoise Lebrun
Réalisation : Denis Dercourt
Scénario : Denis Dercourt
Scénario : Jacques Sotty
Producteur : Michel Saint-Jean
Directeur de la photo : Rémy Chevrin
Montage : Yannick Kergoat
Son : François Maurel
- Date de sortie en salles : 19 août 2009
- Type de film : Long métrage
- Couleur : Couleur
- Langue : Français
- Date de production : 2009
- Pays de production : France
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Critiques (6)
- Le Soir - Fabienne Bradfer: Demain dès l'aube"Film classique et baroque, passéiste et moderne, qui déroute superbement dès le début. Denis Dercourt, cinéaste hors norme, met en scène deux magnifiques solistes (Vincent Perez et Jérémie Renier), selon un tempo singulier, et captive avec un récit familial original. La mécanique du thriller donne un film inattendu qui a du souffle et dégage une beauté feutrée étrange, troublante."
- Libération - Gilles Renault: Demain dès l'aube...en route pour l’époque napoléonienne, où, dans la campagne brumeuse, deux hommes en costumes vont en découdre pour une question d’honneur bafoué. Le duel soldé par une estafilade - il suffit que le sang coule pour mettre un terme aux hostilités -, la scène suivante survient de nos jours, où, manifestement absorbé par des préoccupations périphériques, un autre personnage donne une leçon de piano.
L’explication de ce décalage temporel, franchement énigmatique et négocié de manière subtile, survient sans tarder. Les deux personnages centraux sont frères et ont quelques problèmes existentiels à régler. Tandis que le second, concertiste renommé, ne semble plus savoir où il en est dans sa vie de couple, sinon sa vie tout court, le premier entend mener sa passion «jusqu’au bout», quitte à aller un peu loin : il ne s’accomplit que dans ces jeux de rôles très particuliers où des adultes consentants se retrouvent pour reconstituer des bivouacs vieux de deux siècles, ou s’échanger des perfidies dans un dîner aux chandelles, avant de regagner la vie réelle… A moins que celle d’autrefois ne commence à empiéter sur la réalité, jusqu’à rendre la frontière à la fois poreuse et inquiétante.
Au début du film, il est spécifié que Demain dès l’aube ne s’inspire d’aucun cas réel, mais que son intrigue émane de l’observation d’authentiques rôlistes (dans la mesure, évidemment, où l’on consent à l’oxymore).
Or, il serait intéressant de savoir ce que ces geeks antidatés vont penser de l’image que Denis Dercourt donne d’eux : de doux excentriques, jouant le jeu d’une manière en tout point crédible - c’est le principe - mais aussi, à mesure qu’on approfondit la question, une clique sectaire, inquiétante et structurée, qui se complaît dans l’opacité (cf. une rencontre fortuite avec le «chirurgien major» à l’hôpital : «Ici, je suis aide-soignant. On ne connaît pas mon autre activité. Personne ne doit savoir que je suis soldat de l’Empereur»).
En contrepoint de ce dérèglement, qui ira crescendo dans le malaise, Denis Dercourt fait également une étude de cas centrée sur deux frères, dissemblables quoique complices et réunis autour d’une mère malade.
Drame méticuleux, pensé (scénario et réalisation) par un homme qu’on imagine à l’abri des modes futiles (Denis Dercourt est licencié de philo, diplômé de Sciences-Po et prof d’alto et de musique de chambre au conservatoire de Strasbourg), Demain dès l’aube repose sur une interprétation convaincante : aussi juste que chez les frères Dardenne, Jérémie Renier imprime une exaltation inversement proportionnelle au laconisme un brin goguenard, puis soucieux, de son partenaire Vincent Perez.
Les duettistes/duellistes sont entourés de seconds rôles à la hauteur (Aurélien Recoing, Françoise Lebrun, Gérald Laroche, Anne Marivin) qui consolident le récit. Le film a été présenté au dernier Festival de Cannes, catégorie Un certain regard, où il a logiquement fait bonne impression. - L'Express - Julien Welter: Demain dès l'aube"Drame à la beauté étrange, analyse d'un univers à part et portrait d'un musicien tétanisé par la mort, Demain dès l'aube étonne et émeut sur tous les tableaux."
- Télérama - Mathilde Blottière: Demain dès l'aube"... Il y a de l'audace dans ce scénario. En choisissant d'explorer l'univers trouble, peu connu, de ces fanatiques de l'imaginaire, Denis Dercourt joue sur deux tableaux. Le réalisme intimiste d'un drame familial - la relation des deux frères confrontés à la mort de leur mère - et l'étrangeté d'une autre réalité, anachronique et fantasmée. Entre ces deux mondes, chacun cherche, en vain, un point d'attache.
Dommage que Denis Dercourt cherche à tirer le film vers le thriller. En dépit des efforts de Vincent Perez, remarquable, on a peine à croire que son personnage se laisse entraîner aussi loin dans le jeu dangereux du cadet. Le pianiste traverse, certes, une crise profonde, mais la mise en scène demeure trop plate pour nous faire croire à sa descente aux enfers.
Beaucoup plus subtil lorsqu'il évoque la mort d'un proche et la volonté illusoire de rattraper le temps perdu, le cinéaste a, aussi, le mérite de poser la question de l'évasion par la fiction. Quand Demain dès l'aube décrypte la logique sectaire des jeux de rôles et les déviances flippantes de leurs participants, le cauchemar prend corps.... - Première - Stéphanie Lamome: Demain dès l'aube" Avant tout, saluer l’originalité baroque du sujet. D’emblée, Denis Dercourt plante le décor : cocasse et inquiétant. Comme dans son premier long, La Tourneuse de pages, le réalisateur fait monter la tension parano au point de faire très vite basculer le film dans le thriller. Peu à peu, le jeu contaminant la réalité, les frontières se floutent. Et, soudain, un coup de poing lancé en pleine figure plutôt qu’un coup d’épée apparaît, dans toute sa violence anachronique, comme un défi ultime. La mise en scène, classique, ajoute à la bizarrerie : ces gens sont fous mais carrés."
- Le Monde - Jean-Luc Douin: Demain dès l'aube" ... comme les musiciennes de La Tourneuse de pages, les hussards de Demain dès l'aube sont épiés par le cinéaste au moment où ils perdent le sens des réalités, à l'instant où ils risquent la fausse note.
Il est d'ailleurs encore question de concert, ici : Mathieu (Jérémie Renier), frère aîné de Paul, chargé de veiller sur lui, est un pianiste virtuose. C'est au cours d'une période de tracas que le film le cueille : déstabilisé par une rupture sentimentale et par la maladie incurable de sa mère, il a perdu le feu sacré, délaisse son art. Entraîné dans l'univers napoléonien où s'épanouit Paul, d'abord réticent, perplexe, il se laisse aspirer dans une spirale dangereuse.
Désarmant, intrigant, dissertant sur la confusion des identités, l'usage du masque et la confusion entre la gamberge et le réel, le film de Denis Dercourt choisit de dépeindre avec une sèche distance l'espèce de folie qui s'empare de ces adeptes du dolman - vêtement des hussards - et du duel à l'épée.
A la schizophrénie de personnages qui usent de leur jeu apparemment inoffensif pour s'adonner à des rituels d'humiliation, de provocation et d'honneur bafoué à laver dans le sang, répond celle de Dercourt : un film habité par le brouillage des notions de réel et de virtuel au point de guetter avec fascination le basculement dans le thriller, le cinéma de genre, sans franchir le pas.
L'excentrique reste mental, le cinéaste se refuse à user du lyrisme, à entraîner le spectateur dans le trouble de ses héros. Comme s'il voulait garder le contrôle. Ce choix du traitement glacé d'un sujet expressionniste surprend."
vos avis (3)
- Eddy01 avril 2022
- Nicolas17 août 2021
- Frédérique03 avril 2020