" Zhang Yimou a tout de suite pensé à
Gong Li pour incarner l'intellectuelle qui a perdu la mémoire de
Coming home. Ce drame poignant, présenté au dernier Festival de Cannes hors compétition, montre la grande comédienne en femme brisée après que son compagnon a été envoyé en camp pendant la révolution culturelle. Incapable de le reconnaître après son retour, elle continue à aller l'attendre à la gare sans savoir que l'homme qui prend soin d'elle n'est autre que le disparu qu'elle n'a pu oublier.
La collaboration entre le cinéaste d'
Epouses et concubines (1991) ne date pas d'hier mais de 1987 avec
Le Sorgho rouge. « Je ne voyais qu'elle pour communiquer la puissance et la sobriété nécessaires à un personnage qui aurait pu sombrer dans le mélodrame », confie Zhang Yimou. La beauté poignante de l'actrice comme sa présence intense apportent une grande force à cette histoire inspirée d'un roman de Yan Geling. Les rapports entre l'héroïne, son mari dépassé et leur fille coupable d'une épouvantable trahison sont étudiés avec soin par un cinéaste qui évoque son pays et ses excès avec un classicisme de bon aloi.
« Gong Li a beaucoup hésité à accepter le rôle mais, une fois qu'elle a eu donné son accord, elle a vraiment pris le film à bras-le-corps, explique Zhang Yimou. Elle a étudié les cas de nombreux malades allant jusqu'à leur rendre visite dans des hôpitaux pour comprendre leur gestuelle et leur façon de parler». Rien que pour la performance de l'actrice, qui apparaît sans fard entre Chen Daoming (vu dans
Hero, 2002) et la jeune découverte Zhang Huiwen, le film mérite le déplacement.
Le fait que nous travaillions ensemble depuis de nombreuses années nous tire tous deux vers le haut, explique le cinéaste. Nous cherchons constamment à nous surprendre l'un l'autre ». La présence de Gong Li en tête d'affiche n'est certainement pas étrangère au triomphe du film au box-office chinois. Pourtant, malgré ce succès,
Coming Home ne représente pas la Chine aux Oscars. Suite à une affaire judiciaire à laquelle est mêlé l'un des investisseurs du film, c'est
Le Promeneur d'oiseau du français Philippe Muyl, largement moins critique sur le régime de Pékin, qui a été désigné pour se rendre à Hollywood. "