Maria, 14 ans, vit dans une famille catholique fondamentaliste. A la maison comme à l’école, son quotidien est régi par les préceptes religieux. Entièrement dévouée à Dieu, elle n’a qu’un rêve : devenir une sainte. Suivant l’exemple de Jésus, elle entame son propre chemin de croix dont rien ni personne ne peut la détourner.

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Critique (1)

Télérama - Samuel Douhaire: Chemin de croix
" Pour exposer le calvaire de son héroïne, le réalisateur berlinois Dietrich Brüggemann adopte une forme radicale : quatorze plans fixes, comme les quatorze stations du Christ sur son chemin de croix, dont des cartons noirs reprennent les intitulés liturgiques (« Véronique essuie le visage de Jésus », « Jésus tombe pour la deuxième fois »...). Sur le papier, ce concept a tout du gadget. A l'écran, il se révèle terriblement efficace pour représenter l'enfermement psychologique : un univers dont Maria ne peut s'extraire que par la mort. Les rares mouvements de caméra (quatre seulement en cent dix minutes !), placés à des moments charnières du parcours de la jeune fille, revêtent alors une grande puissance symbolique. Tel ce lent travelling latéral, lors de la cérémonie de confirmation à l'église, qui annonce le passage de l'enfance à l'âge adulte. Ou ce bref panoramique vertical, qui précipite l'adolescente hors du monde des vivants...
Les images composées comme des tableaux hyperréalistes évoquent les films dérangeants d'Ulrich Seidl (la trilogie Paradis, le documentaire Jésus, Toi qui sais). Mais sans le regard volontiers cynique du provocateur autrichien. Brüggemann ne condamne pas les croyants : la rencontre avec un garçon fan de gospel, le soutien affectueux de Bernadette, la fille au pair française rappellent que la foi peut être synonyme de tolérance et de joie. Le film ne s'attaque pas à la religion, mais à ses effets dévastateurs sur des individus en quête d'idéal, quand ils suivent les préceptes du dogme à la lettre — si absurdes soient-ils.
A travers le destin tragique de Maria, c'est un processus de dépossession de soi que raconte le film. Un endoctrinement orchestré par un jeune prêtre charismatique, et redoutable dialecticien dans l'impressionnant cours de catéchisme qui ouvre le récit. Mais aussi une manipulation mentale conduite de manière inconsciente par la propre famille de la victime : une promenade dominicale dans la campagne, un trajet en voiture, un repas banal deviennent des épreuves d'humiliation et de soumission à un ordre intransigeant. Dans ce contexte, Franziska Weisz compose une mère toxique parmi les plus terrifiantes vues depuis longtemps..."

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